Billets qui ont 'New York' comme ville.

New York sous la pluie

H. a très mal dormi («Il ramasse les poubelles à trois heures du matin avec un camion antédiluvien, c'est comme si on dormait dans la rue») et moi comme une masse (aidée de ma boule quiès fétiche). Petit déjeuner à deux pas, chez Pax. Cinq pancakes, j'ai mangé pour la journée.

Nous avons le choix entre retourner au Met ou suivre la High Line. Evidemment, toujours logiques, comme il bruine, nous avons choisi la High Line. C'est au bout de la rue ou presque, nous sommes sur la W 35th st, ça commence au bout de la 34th.

Je repère le nom de Richelieu sur un immense bâtiment qui paraît être une ou la poste. Mais pourquoi?


(Nous achetons des timbres au passage.)
Tout le quartier vers les docks est en travaux, les hommes en bleu de travail et casques de chantier vont déjeuner (il est presque midi), un building est quasi fini, un autre sorti de terre, deux autres n'en sont qu'aux fondations. Cette ville dégage une énergie folle.


Près de l'Hudson se trouvent les parkings de bus et les voies de garage de Penn Station. Il bruine.
Comme de juste, de détours en diverticules nous arrivons par la 33th et non la 34th. H. refuse de faire demi-tour («il y a des escaliers, je les ai vus sur le plan») et nous suivons la High Line… d'en bas, ce qui me fait rire (une atmosphère de casses automobiles et de monde qui se dissout dans la brume de l'Hudson).
Sur la photo, le but, c'est la voie suspendue, interdite, inaccessible.


(Nous finirons par trouver des escaliers.) Grâce au mauvais temps il n'y a pas beaucoup de monde. Evidemment, ce doit être beaucoup plus joli au printemps ou à l'automne, mais même ainsi, cela me plaît beaucoup. J'aime les bancs, les rails désafectés, les herbes jaunies, les immeubles, les rideaux noirs de suie, le ciel…

A deux cent mètres de la fin se trouve cette maquette de Manhattan taillée dans la pierre. J'ai beau savoir que cela ne rendra rien avec mon iPhone, je la prends en photo: une vue d'ensemble, Central Park et Wall street.



Soupe et latte au café Kava du coin, retour en passant par Penn Station pour acheter nos billets et reconnaître notre chemin dans ce dédale. Il pleut de plus en plus.
Deux heures avant le départ. Nous allons perdre du temps chez Macy's, puis récupérer nos bagages à l'hôtel et nous tremper comme des soupes en allant à la gare.

J'écris du train (arrivée à Boston à 20h30). Vive la 3G et la technologie! (Depuis le début du voyage je rends grâce à mon iPhone. C'est tout de même une invention incroyable (bon d'accord, ça fait deux ans que je l'ai. Mais je commence tout juste à m'en servir réellement. Et puis il faut que je m'habitue aux bonheurs du jour (Depuis combien de temps n'ai-je pas dit à quelqu'un que l'une des choses qui m'a le plus marquée dans les blogs, c'est ça?))

Journée grise

Matinée à l'hôtel encore (après un petit déjeuner somptueux), H. est en rendez-vous. «Ce matin je vois Happy Potter», m'annonce-t-il au petit déjeuner. Je suis un peu surprise, mais après explication, il s'avère qu'il s'agit d'"un pipoteur". (Finalement non, (ou peut-être, mais il le cache suffisamment pour faire bonne impression), et la réunion sera prolongée).
Même routine qu'hier (après avoir vérifié que je n'ai pas le temps en son absence de monter jusqu'au cimetière du Bronx où est enterré Melville), en son absence je range tout ce que je peux et me remets devant l'ordi (c'est tout de même un grand plaisir de pouvoir écrire et surfer, d'avoir du temps pour cela, même si cela paraît stupide de le faire à New York: autant rester chez soi (mais non, ce n'est pas tout à fait vrai, pensé-je en regardant le mur de briques en face et les cubicles vides à travers les fenêtres (hier les bureaux étaient animés, aujourd'hui personne)). Il pleut, il bruine. Je commence Poésie du gérondif. L'auteur a beaucoup d'humour, et sur le fond, c'est fascinant. «…l'une des leçons qu'on apprend à force de fréquenter Internet, c'est qu'aucun cinglé n'est seul de son espèce» (p.13)1.

Visite du musée du métro et trains de banlieue (ce n'est pas au 130 rue Livingston, mais à l'angle de la place Boerum et de la rue Shermerhorn: l'entrée ressemble à une entrée de métro (signalée par les habituelles boules vertes), normal puisque c'en est une: une ancienne station de métro transformée en musée (mais pourquoi ne change-t-il pas l'adresse sur le site internet? au 130 se trouve les bureau de la MTA (équivalent de la RATP), et ils ont dû être si souvent dérangés que deux petites plaques gravées sont collées sur les vitres indiquant la véritable entrée. Incompréhensible.)

C'est le paradis des enfants et une grande bouffée de nostalgie. Je me demande si un jour quelqu'un trouvera jolis nos wagons, comme nous trouvons jolies les voitures du début du XXe. Possibilité de s'offrir des boutons de manchette frappés du Y des anciens jetons qui servaient de billets d'entrée jusque dans les années 80.

Exposition sur les crises: septembre 2001, bien sûr, août 2003, où les gens étaient si soulagés que ce ne soit qu'une coupure de courant qu'ils sourient tous largement, ouragans Irène et Sandy. En fait le métro vit des situations de crise très régulièrement et accumule de l'expérience: prévoir des camions-batteries surper-puissants (en 2001, l'une des tours qui s'est écroulée fournissait de l'électricité au bas de Mahattan), prévoir un circuit téléphone de secours (des talkies-walkies appelés téléphones aller-retour ou téléphones va-et-vient, je ne sais comment traduire mot à mot), prévoir des lampes-torches pour chaque conducteur (400 000 personnes évacuées en trois heures en 2003. J'ai pensé à l'incident sur le RER A2. Nous ne sommes pas très préparés. H. m'assure qu'il ne peut y avoir de telles coupures d'électricité à Paris, que la structure de nos équipements n'est pas la même.)
Je retiens que le grand ennemi, le monstre qui menace, c'est l'eau: par temps sec, le métro pompe et refoule 93000 gallons d'eau par jour. En août 2003, le plus gros risque fut l'interruption des pompes.

Encore une exposition qui donne envie de devenir ingénieur. Une ode aux héros du quotidien, aussi, à tous ceux qui apprenant la catastrophe mettent leurs chaussures et retournent à leur poste sans attendre d'être appelés.

Paradis des enfants : volants, moteurs, manettes, ils sont invités à manipuler tout ce qui se trouve à leur portée. Avec cette conséquence, qui nous a beaucoup plu:



En sortant, nous décidons d'en profiter pour traverser le pont de Brooklin. Il fait anormalement doux, c'est extraordinaire (trois pieds de neige l'année dernière à la même époque, a dit le taxi à H. ce matin). Une soupe et un sandwich dans un Potbelly (c'est le nom d'une marque de poêle qui a réchauffé des générations de familles américaines). Je suis amenée (tant mieux) à me dire que j'ai écrit n'importe quoi il y a deux jours: on peut manger très bien dans des établissements sans prétention. Le problème de Philadelphie, c'est qu'il s'agissait d'adresses pour "repas d'affaires", donc prétentieuses.
Une affichette en devanture illustre les rapports bien compris entre clients et fournisseurs (le reste de la déco était très plaisante, variation sur des vues de New York enfui).


Entrez manger avant que nous ne mourrions de faim tous les deux.


Traversée du pont. Il bruine. One World Trade Center disparaît dans la brume. Aucun intérêt de monter si haut. Un paquebot au loin, les navettes de touristes qui longent le bas de Manhattan tristement désertées. La statue de la liberté paraît toute petite.
De l'autre côté du pont se trouve le bâtiment le plus laid que j'ai jamais vu: le Manhattan Municipal Building, quelque chose qui évoque Brazil et l'Union soviétique. Au secours! (De façon générale, cette ville est très laide. Très vivante mais très laide).

Retour à l'hôtel où nous avons laissé nos affaires. Nous allons déménager, à partir de maintenant l'hôtel n'est plus payé par l'entreprise d'H., nous allons descendre en gamme (c'est l'agence de voyage de l'entreprise qui a choisi cet hôtel luxueux dans le bas de Manhattan: à partir de maintenant nous ne dépendons plus que de nous). Je photographie une peinture murale à deux pas.



Une bassine de café latte plus tard, nous partons pour notre nouvel hôtel dans la 35th. La chambre est très jolie, mais elle s'avèrera terriblement bruyante.
Dîner au Coréen d'en face (Han Bat 53W, 35th St. W 35th St, c'est la rue des Coréens, c'est à peine si les menus sont traduits en anglais. Pratiquement que des Coréens comme clients). Je mange une marmite en fonte brûlante de riz aux crevettes et à la pieuvre (haemul dolsot bibimbap). Le garçon désespéré me voyant pêcher timidement du bout des baguettes quelques crevettes à la surface de ma marmite intervient: «c'est mon plat préféré» et il me montre comment mélanger le tout avec vigueur avec la cuillère plate qui accompagne les baguettes: la fonte est si chaude qu'elle fait frire le riz qui craque sous la dent. C'est effectivement très bon. Je découvre un goût inconnu, quelque chose entre la rose et la violette. Aucune idée de ce que c'est. H. suggère que c'est l'huile de cuisson qui est parfumée. Mais à quoi?


Notes
1 : Cela me rappelle la triste histoire de la baleine solitaire. J'aimerais tant apprendre qu'elle en a croisé une autre ayant la même anomalie.
2 : 2012… Je n'imaginais pas que c'était si vieux. Je me demande s'il y a un rapport entre la commission d'enquête évoquée en fin d'article et les travaux qui ont commencé cet été et vont durer sept ans.

De Philadelphie à New York

H. part en rendez-vous. Je fais ma valise, plie ce que je peux, dors dix minutes et écris ce ce premier billet, à titre de récapitulatif pour moi-même.
Train entre Philadelphie et New York, hôtel Roxy dans Tribeca, beau et étrange, "vintage" je suppose, avec ses notes oranges (les lampes), son lavabo sans mitigeur et son papier peint géométrique. L'immeuble est en triangle, la cour intérieure a été couverte et des coursives ajoutées le long des murs. Cela a quelque chose d'une prison de luxe.
Deux photos, une du quatrième étage où se trouve notre chambre, une du rez-de-chaussée en regardant le ciel.



H. ressort pour un rendez-vous, j'écris ce second billet. La nuit tombe.

Nous ressortons dîner dès qu'il rentre. L'idée est d'aller chez Russ and Daughters café, mais pour une fois H. se trompe en lisant la carte (que s'est-il passé?) et part dans le mauvais sens. Nous nous retrouvons devant Barnes & Noble dans l'est de Manhattan et nous en profitons pour acheter une carte des Etats-Unis pour ranger notre collection de quarters1. Nous achetons également des cartes de vœux (vœux pieux, je le crains).

Nous cherchons l'adresse de Russ and Daughters dans l'application "Plan" de l'iPhone; il la trouve automatiquement et nous repartons bravement. Les kilomètres de trottoir s'allongent dans les rues commerciales puis des avenues plus désertées, nous sommes épuisés. C'est encore loin?
Quand nous arrivons devant, c'est fermé. Et c'est bizarre, parce que cela ressemble davantage à une épicerie qu'à un café. Y aurait-il quelque chose à l'étage?2

Nous nous rabattrons sur un minuscule restaurant thaï en face, Tai Thai. Extérieurement il ne paie pas de mine, mais c'est excellent. ("En face", ce n'est plus Houston St, mais le 78 E 1st St.)



Notes
1 : liste de nos manquants si vous voulez nous aider : Washington, Californie, îles Marianes du Nord, Idaho, Wyoming, Utah, Nouveau Mexique, Hawaï, Kansas, Oklahoma, Minnesota, Arkansas, Tennessee, îles Vierges, Maine, New Jersey, Floride (15 sur 56)
2 : je ne comprendrai que plusieurs jours plus tard: l'iPhone nous a automatiquement emmené à l'adresse la plus ancienne, donc la plus connue, celle de l'épicerie, alors que le café se trouve 127 Orchard Street. Ce sera pour une prochaine fois. Ou pas. Parce que finalement, c'est plus amusant d'entrer n'importe où que de suivre les traces des autres.

New York, New York

J'attends H. parti en rendez-vous. Je surfe encore.

En français, tout sur New York.

Je disais tout à l'heure en prenant le métro que j'aurais aimé savoir comment le métro avait été remis en marche après Sabrina. Ça tombe bien, il y a une une expo sur le sujet.
Plus généralement, une vidéo qui fait un peu peur sur le métro (pour Matoo et Jean Ruaud et Vincent (désolée Philippe, c'est en anglais, mais certaines images parlent d'elles-mêmes)).
Et une histoire du métro par la typographie.
J'ai essayé de vérifier si cette façon de voir la station de City Hall était encore valable. Apparemment oui (nous n'aurons certainement pas le temps de vérifier par nous-mêmes).

New York en 50 objets.
New York avant New York
Un guide de New York en 1916
Portraits de New Yorkais: que font-ils le mercredi?
Des gens qui aiment des lieux (pas uniquement New York).
Des photos prises par des inconnus par un appareil laissé à dessein sur un banc avec un petit mot: "prenez les photos que vous voulez, je reviens ce soir".
Encore de très beaux portraits
Des "guides" de New York quartier par quartier par une amoureuse de sa ville (je crois que c'est une femme mais je ne sais plus où je l'ai vu).

Des étrangers à New York (la dernière histoire en date longuement développée, mais il y en a d'autres)
Et le New York des tunnels, dans les marges.

Parisiens versus New Yorkais en vignettes (assez vieux : c'est devenu un livre).

Jetlag

Cinq heures du matin. Bien réveillée. Aujourd'hui, H. a un rendez-vous à neuf heures à Philadelphie, puis un à trois heures à New York. Mercredi nous rejoindrons Boston.

Je surfe un peu pour trouver des idées. La plus grosse difficulté pour nous est de trouver des endroits qui nous conviennent pour les repas. Nous sommes atrocement difficiles, tout nous paraît trop sirupeux et trop sucré. (H. m'a beaucoup fait rire en me racontant que le deuxième ou troisième soir à l'hôtel, il avait expliqué au serveur comment faire cuire un steak. Le serveur a appelé le cuisinier qui est venu à la table, H. lui a expliqué: du beurre, du sel, du poivre, ET C'EST TOUT. «Parce que tu comprends, un steak Angus, noyé dans la sauce Worcestershire, c'est quand même dommage. (Pauvre bête, Astérix1.)». Je me demande si le chef a essayé pour lui-même, une fois rentré chez lui. Je me demande si ce goût de la chose elle-même est communicable, une fois qu'on a grandi dans les sauces et le sucre.) Ce qui nous fascine, c'est la façon dont ils confondent sophistiqué et bon.
Ça me navre, j'aimerais tant tout aimer, mais leur cuisine, à part le petit déjeuner (pancake, sirop d'érable, œufs brouillés, bacon: je me couche en me réjouissant de petit déjeuner le lendemain), j'ai du mal. Ah si, et les salades, ils ont un art de la salade composée que nous ignorons totalement en France, en rajoutant des ingrédients inattendus (ce qui ne marche pas avec le cuit fonctionne bien avec le cru).

Bref, je surfe. La dernière fois nous n'avons pas visité la statue de la Liberté en travaux, ni le One World Trade Center qui n'était pas terminé. Ça me paraît très cher, mais une fois ici, on ne va pas pinailler.

Deux blogs de Françaises, une à Boston, une à New York: Mathilde et Jane (avec des adresses de resto).

Deux à Philadelphie, mais à part la la Barnes fundation, nous n'avons rien fait. Ce n'est pas très grave. Un jour je ramerai sur la Schuylkill (ou le Delaware).

Et bon anniversaire, Vincent.


Note
1: — Et si vous échouez, je vous livre aux lions, bouillis dans de la sauce à la menthe!
— Pauvres bêtes, Astérix.

Moma etc

Matin. Du mal à me lever, à me déplier, courbatures. Quand je pense que je suis la plus en forme des quatre. Je ne sais pas si A. va pouvoir marcher aujourd'hui, elle paraissait avoir la plante des pieds très échauffée. J'ai du mal à m'apitoyer après qu'elle m'eut dit le premier jour: «Ah mais je comprends pourquoi j'ai du mal à marcher, ça fait trois semaines que je ne bouge pas» (cf mes billets énervés de juillet).

Hier 3 août.

Nous avions donné rendez-vous aux enfants à 8 heures dans le hall. En arrivant, nous croisons O., presque affolé (ce n'est pas dû tout son genre de perdre son sang froid, il est très flegmatique):
— Déborah s'est enfermée dans la salle de bain depuis une demi-heure, je n'ai même pas pu aller pisser!
Il a l'air abasourdi et dépassé par cette action incompréhensible. Je lui propose les clés de notre chambre, il les refuse courageusement:
— Non, elle a terminé maintenant, j'étais juste descendu vous prévenir.
Nous les attendons, j'en profite pour poster deux billets écrits hors ligne.

Plus tard, je commenterai: «Moi qui comptais sur la ponctualité allemande!» À quoi il répondra, toujours logique: «Mais elle, elle était à l'heure.» (Et je me suis demandé si nous pouvions tirer une morale de cette phrase.)

- Sud de Manhattan pour voir le mémorial du 11 septembre. Palissades, chantier. Déjà très impressionnant, vertige "à l'envers" en regardant vers le haut. Une petite église, très vieille, Saint-Paul church, je suppose que tout le monde la connaît, l'a vue à la télé à l'époque. Pas moi. J'aurais bien erré entre les tombes penchées, je n'ai pas osé le demander à mes compagnons de voyage («Encore une église!» finit par être traumatisant à la longue.)
Je regrette de ne pas m'être renseignée, de ne pas avoir mieux préparé ce voyage. Pour visiter il faut réserver (911memorial.org). Nous n'avons pas réservé.

- Nous sommes à deux pas de la poste centrale. Immeuble monumental, climatisé (chaque passage dans un bâtiment permet de se rafraîchir un peu, il fait déjà très chaud), inauguré par Roosevelt. La salle des casiers poste restante est très old fashion. J'achète des timbres (aucune idée de l'endroit où ils s'achètent ordinairement, mais il faut dire que je n'ai pas demandé et ne suis entrée nulle part).

- Rendez-vous au MoMa avec le reste de la famille de Déborah (famille tuyau-de-poêle un peu étonnante). Désormais nous sommes neuf, ce qui ralentit le mouvement, avec les besoins ou désirs de certaines auxquelles personne n'ose dire non, par politesse. Nous nous séparons, je fais une équipe avec H. et O., nous abandonnons A., de mauvaise humeur depuis que j'ai inspecté son sac et l'ai délestée d'un kilo de bagage (livres de grammaire anglaise, plusieurs bouteilles d'eau d'un demi-litre (je ne lui en laisse qu'une), etc).
Mes impressions du MoMa sont mitigées. De beaux Picasso, les célèbres Demoiselles, des Van Gogh, etc, etc. Mais finalement assez peu de Warhol, par exemple. Ils doivent être ailleurs, à Chicago ou Los Angelès. Et pas d'Edward Hopper, moi qui espérais tellement en voir (oui, je sais, il suffisait de se renseigner: mais ils n'auraient pas été là davantage). Je photographie Rebus, pour des raisons églogales (Travers coda).
Des variations, des peintres et sculpteurs dont je n'ai jamais entendu parler, ou pas souvent*. Tout cela est très gai, joyeux, met de bonne humeur et laisse interrogatif. De l'art? Vous êtes sûr? Mais ce n'est pas très sérieux, non?





Mais s'il s'agit de dire quelque chose de l'homme d'à la fois intemporel, éternel, universel, et de très ancré dans le temps, dans une époque, pourquoi pas?
Dans la salle des minimalistes, j'essaie de donner quelques pistes à O. sur le point atteint aujourd'hui (l'année prochaine, histoire de l'art au brevet des collèges, mais je doute qu'il aborde l'art contemporain).

Les pièces qui marquent le plus sont finalement celles des expositions temporaires, mais on n'a pas le droit de les photographier. Je ne vois pas de catalogue (sans doute vais-je trop vite, il y en a sûrement).

- Tour de l'île de Manhattan en bateau. Nous apprenons que la meilleure vue possible, et gratuite, sur le mémorial du 11 septembre, est le "jardin d'hiver" (winter garden), une construction entièrement vitrée sur le bord de mer.
Le commentateur est d'un nationalisme ou d'un chauvinisme échevelé (ton emphatique: «Et si vous êtes américain, vous devez venir vous recueillir ici, où tant d'Américains sont morts»; «Et si vous êtes New Yorkais comme moi — combien de New Yorkais ici? Levez la main. … A New York sont parlées toutes les langues de la terre; d'où que vous veniez il y a forcément quelqu'un qui parle votre langue…» son enthousiasme m'amuse mais agace les deux Américaines à côté de moi que j'entends commenter.
De la mer, on se rend compte que les immeubles à l'extrême sud sont vraiment serrés. C'est un miracle qu'il n'y ait pas eu davantage de gratte-ciels touchés le 11 septembre. J'ai des questions soudain, que s'est-il passé juste après, est-ce que les gens qui vivaient là sont revenus y dormir? Y a-t-il eu des journées de deuil? Tout a-t-il continué? Je ne me souviens plus. Je regrette de n'avoir jamais vu les tours.
Quais abandonnés, activité portuaire disparue, l'activité immobilière gagne. De l'autre côté de l'île, à l'ouest dans le New Jersey, les immeubles sont en expansion (n'y a-t-il pas de marée haute?)) Etrange mélange de ce qu'on sait être la plus grande richesse et cette impression d'abandon ou de chantiers.

- Retour. Il faut remonter toute la 42e rue. Nous attendons le bus. Il est à cinquante mètres de l'arrêt, franchit trente mètres en vingt minutes. La chaleur est à couper au couteau. Nous partons à pied. Explication deux blocs plus loin: la police a bloqué un carrefour. Les piétons envahissent la chaussée. Je m'attends à des sirènes, à une explication: rien. Nous marchons. Chaleur.
Sieste.
- Mac Do (je ne retrouve plus ce que j'aimais tant il y a vingt ans. Etait-ce des milk-shakes? Il me semble que oui. Ils ont dû être remplacés par les smoothies. Et il n'y a plus les distributeurs de sauces que j'aimais tant, au goût différent des sauces en Europe).
Il fait nuit. Les trottoirs sont pleins. Beaucoup de femmes sont sur leur trente-et-un. C'est vendredi. Je pense à Sex and the City. Les téléfilms donnent une image fidèle.
Rockfeller Center la nuit. Le fleuve ou la mer (je confonds un peu tout) est tout proche. Brume. Guirlandes des ponts. Je crains et souhaite l'orage. La chaleur au sol m'évoque 2003 (cette impression de se mouvoir dans une piscine d'air chaud), la différence étant la présence de vent léger: l'air n'est pas immobile. Note pour plus tard: revenir en octobre, sans doute: "l'été indien" doit avoir une signification.


* Une belle variation de Marcel Broodthaers sur Oscar Wilde, Lewis Carroll, etc.

Le bruit et l'odeur

5h51. Je ne peux pas me rendormir. Pas de wifi dans la chambre (bizarrerie: wifi gratuit dans le hall, quatorze dollars dans la chambre), je tape hors ligne, on verra plus tard.

Hier 2 août.

Les enfants ont dormi plus tard que je ne l'aurai cru. L'hôtel est au cœur de Manhattan. Sorti avec H. Impression de se trouver dans un film, le décor est tellement connu. Après les soucoupes de ''Men in black'' aperçues hier du taxi, c'est le square de l'un des Bourne (l'adresse codée qu'il donne à Pam) que nous rencontrons par hasard (quartier Tudor). Grand Central Station, je suis étonnée par la constellation au plafond, H. la connaît par ''Kapax'', je reconnais le décor d'une flashmob vue sur Youtube. C'est un peu comme partir à la recherche de souvenirs qu'on n'aurait pas vécus: aucun dépaysement et aucune impression de réalité. L'odeur est étrange, celle d'une chaleur étouffée, ça ressemble à la pomme de terre cuite à la vapeur.

Perdu un peu de temps dans la matinée à attendre Déborah (la jeune Allemande qui a passé trois mois chez nous en 2010 et qui va rester avec nous pendant le reste du voyage). Puis direction Central Park, à pied. Début d'une longue errance. (Non, nous n'errons pas, nous savons où nous allons et il est très simple de se repérer. "Ce que je veux dire, c'est que" nous n'avons aucune notion des distances (finalement, la seule façon de connaître véritablement l'échelle d'une carte est de marcher, j'ai l'impression que d'une ville à l'autre deux cents mètres ne représentent pas la même fatigue)). Il fait très chaud (30°? +32, diviser par 5, il me semble (oui, bon l'iphone doit pouvoir le faire, mais c'est plus amusant comme ça)). Nez en l'air à apercevoir le faîte des immeubles. Il y a du monde, mais les trottoirs et les rues sont si larges que cela ne donne aucune impression de précipitation. Peut-être parce que c'est l'été, peut-être à cause du péage pour entrer dans cette partie de Manhattan (ou dans tout Manhattan? aucune idée), il n'y a pas d'embouteillage. Fluide. Je suis frappée par le niveau sonore, je l'appellerai presque du silence. Les bruits se dissolvent dans l'espace (le volume de l'espace entre les immeubles, la formidable aération de cette île ouverte sur la mer par tranches, rue après rue (d'est en ouest: les rues; du nord au sud, les avenues). Même sans vent, même avec la chaleur accumulée par le goudron, l'air ne stagne pas tout à fait. Les bruits ne se concentrent pas). (Et pourtant, dans la chambre au 41e étage, ce qui frappe, c'est le bruit incessant, la rumeur de la rue, des travaux, du vent, de la clim. Paradoxe.)
Saint Barth. Est-ce l'église de L'Avocat du diable?

Central Park, trop grand, nous voulons atteindre le Met, la troupe est un peu découragée par la distance et la chaleur. Là encore, quel silence dans ce parc, tranquillité, écureuils gris, statue d'Alice in Wonderland, inévitablement.
Déjeuner à la cafétéria du Met, au sous-sol. Les assiettes se paient au poids, quelle exactitude (je suis pour).

Nous avons trois heures pour visiter le musée avant sa fermeture, nous avons choisi nos impératifs: impressionnisme pour H. et l'aile américaine pour moi. Nous confions la carte à O. qui aura acquis à la fin de la journée une aisance impressionnante dans cet immense musée sur deux étages, une mezzanine et un "grenier poutres apparentes" (reconstitution d'intérieurs coloniaux, très beaux. Le seul endroit où je verrai la pancarte aborrhée "ne pas toucher" sur un lit et un berceau).
Le classement/regroupement dans ce musée ne va pas de soi, nous trouverons des Matisse ou des Picasso à trois endroits très éloignés (le premier je ne sais pas, le deuxième dans Europe fin du XIXe début du XXe, le troisième dans les contemporains et les modernes), c'est comme si les conservateurs s'étaient dit qu'ainsi, même le visiteur distrait arriverait bien à en voir un ou deux.

Quiétude de ce musée, ombres en croisillons dans les patios, silence malgré un public nombreux, impression d'un musée réconcilié avec ses visiteurs, belle lumière d'après-midi et éclairage naturel, explications près de chaque tableau, le sujet, le contexte de la peinture (dans le sens sujet du tableau et geste de peindre), toujours et uniquement en anglais, mais normalisées, se présentant toujours sous la même forme, un beau travail systématique très utile.






Je repère un très beau Brueghel l'ancien sur la moisson (j'aime beaucoup Brueghel (et je me demande pourquoi ce sont les tristes scènes d'hiver que l'on retient surtout)), tombe par hasard sur Orion aveugle (il est là! une photo! (j'ai hérité de l'appareil de ma fille qui a un mode "musée", sans flash et sans bruit. Whaouh, ça c'est pensé (le mode qu'il me faut pour le métro. D'ailleurs, il y aurait une belle galerie de portraits à faire avec les têtes des gardiens de ce musée, toujours très particulières dans leur forme ou leur expression))), des Manet que je ne connaissais pas sur la corrida. Je rencontre par hasard dans une petite salle où des fraises (fruits) dans l'encadrement de la porte ont attiré mon attention des Vermeer dont un avec des bleus somptueux (Vermeer que nous reviendrons voir en fin de visite à la demande de Déborah qui les cherche, abandonnant H. et A., épuisés, à la cafétéria).

A traverser le musée de long en large pour atteindre ce que nous voulons voir et ce que nous avons oublié de voir, nous avons ainsi une bonne vision des collections du Moyen-Âge et de la Renaissance. Mais d'où viennent ces tableaux, ces statues? En Europe, c'est facile, pillage, héritage, mariage, mais ici? Achetés, offerts par des donateurs (une gigantesque fresque italienne représentant Saint Christophe: donation!).
— Mais c'est incroyable. Qu'est-ce qu'ils sont riches, qu'est-ce qu'ils étaient riches.
— Tu sais sur quoi s'est construite cette richesse…
— Non.
— Sur l'esclavage.
Hum. J'ai mes doutes mais je me tais. Je pense surtout au travail et au courage de cette nation pour laquelle j'ai beaucoup d'admiration. Mais bon. Une explication n'exclut pas l'autre. Et dans les salles traversées, la reconstitution de salons XVIIIe siècle doit beaucoup aux riches familles anglaises, c'est certain (je reconnais ailleurs une copie de Louis XV enfant rencontrée à Versailles il y a quelques semaines. Je n'approfondis pas dans quel cadre elle se trouve là (reconstitution d'un intérieur français?)

Si je venais souvent au Met, je passerai beaucoup de temps dans l'aile américaine. Je ne connais presque personne à part Wilson Homer et Sargent, mais j'aime cet endroit, cette poursuite d'art qui copie l'Europe (un peintre pastiche très visiblement Renoir) et finira par produire totalement autre chose, Rauschenberg ou Jasper Johns. Je tombe en arrêt devant les œuvres d'un sculpteur, Augustus Saint-Gaudens.

Le musée ferme à cinq heures et demie, nous sommes mis dehors manu militari à cinq heures et quart, même la boutique de "souvenirs" est fermée, mince, mes cartes postales!
Goûter au Pain quotidien (est-ce que ça vaut vraiment la peine de venir si loin pour retrouver ce que j'ai fréquenté en haut de la rue Montorgueil en 2003? Ça me fait rire.), le serveur pas bête et sans doute rendu prudent par la nullité en calcul mental de ses contemporains a ajouté au stylo bille ce que représente quinze et vingt pour cent de la note, afin que nous puissions choisir ce que nous lui laisserons puisque le service n'est pas compris.
Le fond sonore est de la musique classique, mais trop forte, et les conversations se mettent à monter. Pour la première fois de la journée, je retrouve le niveau de bruit de Paris.

Métro, un peu de repos (soins des pieds, changement de chaussures!), métro, quartier chinois et Little Italy.
Quartier chinois: ah oui, quand même. Quand je pense qu'on se plaint de l'arabisation de Saint-Denis. Ici, même Mac Donald est sous-titré en chinois. Les immeubles sont plus bas, le soleil se couche (crépuscule que par des jeux de lumière on ne sait pas bien attribuer à notre droite ou notre gauche), de gros sacs poubelles s'entassent sur les trottoirs (il ne doit pas y avoir de chiens errants. Pas de rats, de mouettes, de goélands? (non, à part les moineaux et les canards de Central Park, pas vu d'oiseaux)). New York pue, elle pue la chaleur et les poubelles, et aussi, par endroits, l'odeur forte d'une trop grande quantité de viande crue (y aurait-il des frigos, des bouchers, en sous-sol?) La chaleur, c'est aussi celle des milliers de climatiseurs dont les cubes blancs débordent des fenêtres, c'est une chaleur qui malaxe les odeurs des appartements et des boutiques.

Dîner à Mulberry street (quartier de la Huchette, en gros, pour ce qui est de l'animation). Pensée joyeuse pour Matoo quand le serveur nous propose du poivre. La clim est si forte que nous gelons tout le repas, les filles ne savent plus comment se couvrir.
— Je n'aurais pas dû me mettre en short.
— Je te rappelle que dehors il ne fait pas tout à fait la même température.

Le métro est plus bruyant le soir, et si les quais font vraiment leur âge, les rames sont propres. Avec leur banc unique le long des fenêtres, elles sont conçues pour favoriser la circulation des gens (et non le fait qu'ils soient assis).
Ce métro est davantage un RER ou un train, puisque plusieurs lignes empruntent les mêmes quais.

New York

6h53, rez-de-chaussée de l'hôtel où le wifi est gratuit. Je pense à cette vieille pub pour le savon Zest, dans laquelle un petit garçon très excité réveillait ses parents à six heures un dimanche: «Aujourd'hui on va au zoo!»

J'ai vu le soleil se lever, j'ai hésité sur la conduite à tenir, je suis là à écrire. Sortir, marcher? Dans un sens j'ai peur de "voler" les autres, dans un autre j'ai l'impression de pouvoir faire tellement de choses vite vite, discrètement… Bon, on verra demain.

Pour l'instant repérer les quelques adresses qui me manquent (que nous n'avons pas revues/révisées (pas le temps, pas le temps)) avant de partir. Je sens que je vais être insupportable, il faut que je me calme.

(L'hôtel n'a pas d'étage 13, les légendes sont respectées, tout va bien.)

2 days in New York

Film dispensable là encore. C'est amusant, alors qu'il m'a semblé moins insupportable que 2 days in Paris, je me sens beaucoup moins indulgente. Les hystériques, très peu pour moi. Quand on ne supporte pas sa famille, on la tient à distance.

Quelques questions amusantes/intéressantes: vendre son âme ne porte pas à conséquence. Ou bien si?
Les dialogues de Mingus avec Obama.

Mais enfin, ça ne suffit pas à sauver le tout. C'est pénible et franchouillard.

(Pourquoi être allé le voir? Les horaires correspondaient, et puis après Le skylab, je voulais voir comment Julie Delpy évoluait.)

Et boire de la Guinness à New York

Après Paris, New York.

''Voilà vraiment des posts de feignasse, même pas une vraie traduction mais un résumé. Billet original ici, via un contact FB.


Steve Rushin a écrit un roman, The Pint Man, L'homme à la pinte ou L'homme aux pintes. L'action de son roman se situe dans le pub Emerald Inn (la taverne Emeraude) et le New York daily News en a profité pour lui demander ses bonnes adresses :

- l'Emerald Inn, 205 Columbus Ave., à côté de la 69th, pas loin de chez lui (et nous apprenons que Gandolfini, l'acteur des Sopranos, boit de la Guinness: pas très italien!)

- le Dublin House, 225 W. 79th St. Malheureusement le quartier a changé. Ce pub résiste, parmi les derniers témoins de l?ancien quartier.

- l'Old Town Bar, 45 E. 18th St. dans Union Square. Les murs sont chargés de livres, un héritage irlandais? Les toilettes favourites de Rushin parmi toutes les toilettes du monde, elles auront cent ans cette année.

- l'Irish Haven, 5721 Fourth Ave. dans Sunset Park, Brooklyn. C?est ici que fut tournée la scène des Infiltrés où Leonardo DiCaprio commande un jus d'airelles.

- le Rocky Sullivan's a déménagé à Red Hook, 34 Van Dyke St. en 2007. Le co-propriétaire en est Chris Byrne, l'un des fondateurs de l'orchestre irlandais new-yorkais Black 47. Il joue ici régulièrement dans son orchestre de hip-hop influencé par la musique celtique, Seanchaí.

- l'Irish Rover à Long Island City, 37-18 28th Ave. . Un verre sur trois est gratuit. Ils ne font pas restaurant mais on peut se faire livrer des plats.

- le Quays à Long Island City, aussi, 45-02 30th Ave. Avec un escalier capitonné menant aux toilettes: si vous avez trop bu et que vous tombez, ce ne sera pas grave.
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